POUR UN NOEL SANS PREJUGE
S. Cromer, dans son exposé
intitulé « Quel projet d’éducation ? L’exemple des magazines pour
petites filles », a d’abord expliqué que la socialisation est la façon
dont la société forme et transforme les individus[1]. Or, malgré le principe
juridique de l’égalité des sexes, cette socialisation reste très différenciée. La
conférencière a étudié deux magazines pour petites filles qui tous deux
décrivent des vies de filles ou de femmes très stéréotypées (beauté, ménage,
soins aux enfants). Y sont encouragées les qualités « féminines » (ne
pas être jalouse ou égoïste, se marier, être attentive aux autres). Les rôles
parentaux y sont clairement départagés (mère au foyer, père au travail).
La presse magazine renforce
ainsi l’idée de deux univers distincts, sexuellement différenciés et
différenciateurs, qui construisent chez les enfants des manières d’agir et
de penser sexuellement et socialement codées. La même analyse peut s’appliquer à d’autres domaines contribuant à la
socialisation des enfants (école et livres scolaires, émissions enfantines TV
et radio, réseaux sociaux, etc.)
S. Cromer conclut sur la
nécessaire lutte contre les stéréotypes et les préjugés qui empêchent l’enfant
de développer son individualité et de construire son autonomie. Il est
important, dit-elle, d’ouvrir tous les possibles à chaque enfant, au-delà de
l’assignation de sexe, de classe, d’origine. Ceci est d’autant plus important,
que l’enfant est sujet à de multiples influences au-delà du cercle familial
restreint, à l’école notamment et avec ses copains-copines.
L’exposé de Mona ZegaÏ porte sur « La segmentation sexuée du monde du jouet et ses évolutions (1980-2017) ». Sur la base d’une enquête approfondie et de nombreuses diapos, M. Zegaï montre, pour la période 1980-1990, les modalités de séparation des jouets selon le sexe de l’enfant, appliquées d’une part par les fabricants qui usent et abusent du rose pour les filles et du bleu pour les garçons et d’autre part par les distributeurs qui séparent les rayons filles et garçons. Des diapos illustrent les stéréotypes de genre : les jouets proposés poussent chez les garçons le côté compétition, danger, domination ; chez les filles, la coopération, la sécurité, l’amour…
L’exposé de Mona ZegaÏ porte sur « La segmentation sexuée du monde du jouet et ses évolutions (1980-2017) ». Sur la base d’une enquête approfondie et de nombreuses diapos, M. Zegaï montre, pour la période 1980-1990, les modalités de séparation des jouets selon le sexe de l’enfant, appliquées d’une part par les fabricants qui usent et abusent du rose pour les filles et du bleu pour les garçons et d’autre part par les distributeurs qui séparent les rayons filles et garçons. Des diapos illustrent les stéréotypes de genre : les jouets proposés poussent chez les garçons le côté compétition, danger, domination ; chez les filles, la coopération, la sécurité, l’amour…
Cependant, on assiste à partir
de 1990 à une remise en cause modérée des stéréotypes de genre. On commence à
voir, dans les catalogues de jouets, des filles jouant au médecin ou à des
circuits et des garçons faisant la cuisine ou le ménage.
Mona Zegaï suggère en
conclusion, pour déjouer les stéréotypes, de donner aux enfants des jouets
aussi neutres que possible mais aussi que, dans la vraie vie, le couple parental
se répartisse les tâches domestiques le plus équitablement possible. Les
parents peuvent également orienter le gout des enfants (sans interdictions
formelles) ; par exemple proposer aux filles des jouets de garçon. Même si
elles n’en veulent pas, elles comprendront que c’est possible…
Voir les supports de présentation
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A la fin des deux exposés, la
parole est donnée à la salle qui pose de nombreuses questions. Plusieurs témoignages ont aussi enrichi
le débat : Christine, professeur des écoles, a évoqué un livre (« la révolte
des cocottes ») qui avait beaucoup marqué ses élèves et permis
d’échanger avec eux; Gilles, jeune papa, a fait part de son analyse de la
collection de Tchoupi de ses enfants et montré ainsi les efforts de
certains éditeurs pour ne pas reproduire des représentations stéréotypées.
Thierry, dessinateur-illustrateur professionnel a expliqué que des éditeurs de
revues ou bandes dessinées imposent souvent un style allant dans le sens des
stéréotypes de genre, probablement dans l’espoir de meilleures ventes.
A la fin de la séance, Thierry
Desailly, a présenté son livre « Le jeu du genre »[2], dont l’édition est en
cours de préparation. ADS informera ces adhérents et contacts de l’avancement
du projet.
Un pot clôt la séance, durant
lequel le public a pu consulter un choix de livres et une bibliographie,
spécialement préparés par Brigitte Moyon, bibliothécaire. Un grand merci à tous
les contributeurs pour cette séance fort intéressante ! Consultez les bibliographies
[1] S. Cromer se réfère notamment aux
travaux sur la plasticité cérébrale de la neurobiologiste Catherine Vidal qui
a animé l’événement ADS du 13 décembre 2016 « Cerveau, Sexe et
Préjugés »
[2]
Ce travail est issu de l’événement « Osons tous les métiers »
de Avril 2016, au cours duquel Thierry Desailly avait été invité à illustrer
certains métiers
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