EVENEMENT : DISCRIMIN'ACTION
L’événement du 14 mars 2018, sur
la discrimination, a été organisé avec 4 étudiantes de l’IUT de Sceaux, dans le
cadre de leur projet tutoré. Ainsi, Astou, Bienvelyne, Nirma, Yadiémé ont animé la
soirée.
Des films éloquents ont été
passés pour démarrer la séance, voici les liens :
En ouvrant le débat, Astou
indique qu’elles ont choisi ce projet car elles se sentent concernées. En effet,
elles seront toutes les quatre bientôt sur le marché de l’emploi, et elles
seront peut-être elles-mêmes victimes de discrimination à l’embauche.
45 personnes sont venues, pour plus
de la moitié des jeunes. La soirée a été très animée, de nombreux témoignages
et questions ont été posées, preuve que le sujet a touché le public.
« En un mot, qu’est ce que
la discrimination ? » lance
Astou au public. Les mots
« injustice », « exclusion », « préjugé »,
« inégalité », « honte » fusent dans la salle, traduisant
la souffrance que peuvent vivre les personnes concernées.
Les intervenants Maître Thibaut
Bonnemye, avocat en Droit Social, Samuel Thomas et Karim Benchaid de la Maison
des Potes , et Marie Dasylva de l’agence Nkali Works, ont apporté leurs
points de vue sur les questions du CV anonyme, du testing, et des recours en
justice.
1- Discrimination à l’embauche
Sur le CV Anonyme : la Maison des Potes explique qu’elle se
bat pour que le CV anonyme obligatoire soit
généralisé, mais cela n’a pas encore abouti sous le précédent quinquennat.
Bien sûr, il ne s’agit pas que tout candidat envoie son CV sans son nom, il
s’agit d’imposer aux entreprises, de « cacher » la partie haute du CV
(l’identité du candidat), pour la première sélection. Ainsi, toutes les
candidates et tous les candidats sont à égalité de chance, sur la base de leurs
compétences, pour accéder à l’entretien.
Maître Bonnemye ajoute néanmoins
que si le CV anonyme est utile pour passer le premier cap et faire
potentiellement tomber les préjugés, il existe des personnes dont les avis
sont basés sur des convictions, et là, même la discussion en tête-à-tête
ne permettra pas de les convaincre lors d’un entretien.
Les principales causes de
discrimination ont été citées par le public : l’origine, le sexe, le
handicap, l’âge, le lieu d’habitation … Un débat a eu lieu sur la
discrimination des jeunes issus des quartiers populaires et des mesures prises
pour y pallier.
Il existe en effet des mesures
incitatives pour que les entreprises embauchent des jeunes de ces quartiers. Un
des problèmes est que la personne qui a bénéficié de cette discrimination
positive, ne saura jamais si elle a été embauchée pour cette raison, ou bien
pour ses compétences.
Le testing est
une pratique utilisée pour mettre en évidence une discrimination comme le montre les films diffusés
en début de soirée.
Une des étudiantes, Bienvelyne, a
présenté une étude (voir document page 5 à 12) de Matthieu
Manant Nicolas Souli’é et de Serge Pajak Professeur à l’IUT, montrant que les
informations et le design des profils Facebook influent sur les chances de
décrocher un entretien d’embauche.
2- Discrimination au travail
La Mason des Potes témoigne le cas d’une victime de la
discrimination au travail, un homme d’origine arabe harcelé quotidiennement par
ses collègues.
Pour Samuel Thomas, des actions comme #balancetonporc qui
ont montré leur efficacité pour les violences faites aux femmes devraient aussi
être mises en œuvre pour les violences racistes.
3- Les recours en justice
Y a-t-il des solutions juridiques face à
la discrimination au travail ?
Les démarches en justice
aboutissent difficilement à une condamnation. Certes les lois sur la discrimination
sont assez complètes, mais les magistrats condamnent rarement, faute de
certitude. En droit français, au niveau pénal, le doute bénéficie à l’accusé.
La Maison des Potes et Maître
Bonnemye recommandent avant de déposer une plainte :
-
que les dossiers soient bien constitués, avec
des preuves et des témoins ;- de se faire accompagner pour aller aux entretiens avec la Direction, et même d’enregistrer l’entretien.
C’est un combat dans la durée. Il
faut être solide et entouré pour le mener. Même si le jugement final est
positif, pour la victime, le bénéfice sera surtout moral. "Il faut accepter de
mener un combat pour la cause" indique la Maison des Potes.
Maître Bonnemye indique qu’il a
arrêté de travailler avec certaines associations qui poussaient les personnes
victimes de discrimination à s’engager dans des luttes sans issue risquant de les détruire psychologiquement.
4- Débat
Marie Dasylva, fondatrice de Nkali Works, spécialisée dans
l’accompagnement des femmes victimes de racisme et de sexisme, a provoqué un débat
contradictoire animé. En effet, ses ateliers sont réservés aux femmes ayant
subi le racisme, et elle insiste sur le fait que ces ateliers, non mixtes, sont
salutaires et nécessaires, pour que ces femmes puissent vraiment
s’exprimer : un espace de parole où on peut parler sans réserve, sans
vexer. La non mixité de ces ateliers a été approuvée par bon nombre de femmes
dans la salle, pour elles, seul moyen d’être comprises.
La Maison des Potes a réagi
plusieurs fois en marquant son très fort désaccord sur cette pratique : il
la juge clivante et risquant d’aggraver le racisme, que ce soit celui des
blancs envers les noirs, ou l’inverse.
Retrouvez toutes les photos
de la soirée
(Si ce lien ne fonctionne pas, recopier celui-ci dans la
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