L'eau une ressource durable en partage
Le 14 février 2019, ADS organisait une conférence-débat en partenariat avec l'IUT de Sceaux à l'Ancienne Mairie de Sceaux.
Le sujet pouvait paraître austère : « l’eau,
une ressource durable à partager ». Pas vraiment polémique, plutôt
consensuel, avec tous les risques de désintérêt que cela entraîne. De plus,
nous avions volontairement limité le
sujet à l’eau en île de France pour
éviter tout épanchement trop facile sur la situation de pays déjà en état de
stress hydrique mais dont les problèmes sont avant tout économiques et politiques.
Enfin, pour enfoncer le clou, on se plaisait à répéter qu’en
île de France, on ne pouvait pas parler d’un véritable « problème »
d’eau, du moins pour ceux disposant d’un robinet.
C’est dire que pour un sujet a priori peu glamour, sans cri
d’alarme à lancer, on pouvait s’attendre au pire après avoir distribué sous la
pluie nos flyers portant le titre :
« L’eau, une ressource en partage » et croisé le regard compatissant
des passants grommelant sous leur parapluie : « On a déjà
donné… »
Et pourtant, à 19h pétantes, ce jeudi 14 février, une bonne
cinquantaine de personnes s’était installée pour accueillir François Mauvais,
ingénieur, grand spécialiste des services publics de l’eau potable et de l’assainissement.
Le temps que le public s’installe, un diaporama venait rappeler l’exposition
qui se tient jusqu’à mi-mars mars à la caisse du Crédit Mutuel, à
Bourg la Reine, un diaporama présentant différents usages et partages de l’eau
sur la planète, chaque photo étant soulignée de quelques lignes des membres des
« Rencontres poétiques de Bourg-La-Reine »
Wei Ying présenta le dynamisme et la grande variété des activités de l’ADS, dont le partenariat
effectué à cette occasion avec l’IUT de Sceaux, illustré par la présence des
trois étudiantes de l’IUT qui avaient choisi le thème de la rencontre, Taja,
Delphine et Cécile.
La rencontre pouvait donc commencer après une première
intervention poétique d’Eliane Malbert-Paya qui venait nous rappeler que
l’eau, c’est avant tout la mer, salée, qui
représente 97.5% de l’élément liquide à la surface du globe. L’eau douce, 1% de
ce total, restant une ressource rare et
précieuse.
La présentation des questions d’un Quizz, chaque étudiante
défendant avec entrain une réponse différente à la question posée, permit à la
salle de se détendre un peu, et au
public de montrer un niveau de connaissance très honnête de cet élément
polymorphe. Une dernière question,
concernant le pourcentage de fuites dans nos canalisations (25%) n’a semblé étonner que peu de participants, ni
même scandaliser le public quand François Mauvais nous a précisé que c’était
naturellement au consommateur, à nous, qu’étaient facturées ces fuites.
Commençait alors le temps 2,
la véritable conférence sur le service de l’eau en île de France.
Avec autant de clarté que d’humour, François Mauvais pu alors développer le système d’organisation de
la gestion de l’eau au niveau national et local, un système très complexe pour
un néophyte. A l’aide d’un tableau précis, le public un peu ébahi put s’initier à la répartition des
coûts du service de l’eau sur un an pour une consommation moyenne :
Comment Etat, région, département, communes,
sociétés publiques ou privées délégataires de services, etc. (détails à retrouver
ici) se partagent sous forme de taxes, de
relevés de consommation, de coûts de
services, les revenus de l’eau descendue
du ciel.
Impressionnant,
étourdissant, et il fallut toute l’acuité de l’œil professionnel
d’Etienne Houssay, correcteur, pour
dénicher dans cette extraordinaire cathédrale de facturations, une petite virgule baladeuse, qui heureusement ne
remettait pas vraiment en cause l’équilibre de l’ensemble mais réduit encore
d’un facteur 10 le prix du m3 d’eau
Une autre projection (à revoir
ici) nous permit de découvrir la vie secrète
des canalisations, du prélèvement dans la Seine, de la potabilisation, à notre robinet, et qui, d’après l’orateur,
nous offrait l’eau la meilleure « du monde », puis enfin du retour
vers la Seine après assainissement et épuration des eaux usées.
L’apparente perfection de cette organisation, la qualité
apportée au traitement de l’eau ne pouvait que nous autoriser à pointer du
doigt la prolifération des multiples eaux minérales en bouteille, actives
pollueuses en plastiques divers, et dont 70%, toujours selon François
Mauvais, ne seraient pas considérées
comme potables si on les soumettaient aux mêmes contrôles que l’eau du robinet.
Dans la salle, seule une ou deux personnes mettaient encore en doute la qualité
de l’eau parisienne, le fameux « Château Chirac ».
Après une dernière intervention poétique douce-amère, pour
nous rappeler l’indifférence du plus grand nombre par rapport à cette ressource
indispensable à la vie sur terre, un temps 3 devait ouvrir sur une amorce de
débat à propos des propositions défendues par certains pour un usage plus
responsable de l’eau par le citoyen écologiste.
Hélas, toitures végétalisées, toilettes sèches,
récupérateurs d’eau de pluie, utilisation des eaux usées, sans oublier la
fermeture du robinet en se lavant les dents, aucun système ne trouva de défenseurs
sur place pour amorcer un débat, une forêt de doigts s’étant déjà levés pour
interroger François Mauvais sur d’autres points de son intervention.
Le temps dévolu à chacune des parties de la soirée ayant été
assez bien suivi, il était certainement temps de laisser les auditeurs/consommateurs
s’exprimer librement, et le
« débat » céda la place à un flot des questions que personne ne
chercha à véritablement canaliser.
Cette fin de conférence permit d’ailleurs de vérifier la
pertinence d’un sondage du Centre d’Information sur l’eau qui avait ouvert la
soirée : 80% des personnes interrogées se disent satisfaites du service de
l’eau en France mais 73%, c’est à dire pratiquement les mêmes personnes, sont
inquiètes pour l’avenir. Inquiétudes diffuses qu’on a pu retrouver avec des
questions sur la protection des installations de distribution d’eau potable de
toute menace terroriste, ou, plus sereinement, sur l’éventuelle dangerosité de
la qualité de l’eau en Bretagne.
Les questions auraient pu se multiplier encore pendant de
longues heures, François Mauvais ayant parfaitement réussi à capter l’attention
de son public sur des sujets a priori
un peu techniques, mais quelqu’un suggéra que si parler de l’eau était
bien, en boire pouvait être encore mieux
et tout le monde, certains entourant
François Mauvais pour d’ultimes questions, put enfin se réunir autour du traditionnel
buffet et tester, entre autres, l’eau de Sceaux.
Réécoutez les poèmes lus en séance par Eliane Paya : Les poèmes
Offrande Marine de Eliane MALBERT_PAYA
L’eau de Georges PAYA
L’évangile selon Trump de Philippe TARIEL
Sondage SOFRES de de Philippe TARIEL
François Mauvais est ingénieur de
l'agriculture et de l'environnement.
Il a été, après des postes d'hydraulicien et d'ingénieur en eau potable et en assainissement, chargé de l'ingénierie de l'eau au ministère de l'agriculture, avec une expertise dans la gestion des services publics d'eau potable et d'assainissement. Il a aussi été directeur de l'association scientifique et technique pour l'eau et l'environnement (ASTEE).
Il a été, après des postes d'hydraulicien et d'ingénieur en eau potable et en assainissement, chargé de l'ingénierie de l'eau au ministère de l'agriculture, avec une expertise dans la gestion des services publics d'eau potable et d'assainissement. Il a aussi été directeur de l'association scientifique et technique pour l'eau et l'environnement (ASTEE).
Depuis près de 8 ans, il est
responsable du pôle Offre alimentaire - Agroalimentaire à la Direction
régionale de l'agriculture et de l'alimentation d'Île-de-France.

Et pour prolonger l'événement, allez voir l'expo photo-poésie sur "Les usages de l'eau". 8 photographes ont répondu à l'appel à photos, et leurs photos ont été illustrées de poèmes avec le concours de l'association "Les Rencontres Poétiques de Bourg-la-Reine". Voir article et recueil de l'expo
Crédit Mutuel, 54 avenue du Général Leclerc
Bourg-la-Reine.
Commentaires
Enregistrer un commentaire